Il a troqué la rigueur pour la comédie (Par Hamidou Anne)

Dès son accession à la souveraineté internationale, le Sénégal a choisi d’être un pays ouvert à tous les vents fécondants du monde. De la théorie des cercles concentriques du Président Senghor au multilatéralisme inclusif du Président Sall, le Sénégal a fait de la coopération un parti-pris stratégique clair. Dans la déclinaison de sa politique étrangère, le Sénégal a quatre grandes nations alliées, avec lesquelles notre coopération a toujours été exemplaire :le Maroc, la France, les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite.
En moins de dix-huit mois, le Pastef a vendangé le prestige de notre pays ainsi que son crédit diplomatique, sur la base de rodomontades pour plaire à une masse d’agités. Nous assistons à un sabordage de 65 ans d’un héritage diplomatique prestigieux et fécond. La remise en cause de nos alliances stratégiques sur la base d’un souverainisme de pacotille, fait de bric et de broc idéologique, d’abord préoccupant est devenu désespérant. Un rapide tour d’horizon renseigne sur l’ampleur du gâchis en si peu de temps :
– France : chez eux,tenir des propos outranciers vis-à-vis de l’Hexagone, notre plus vieux partenaire, semble être une exigence pour rester conforme aux sornettes du dégagisme. Aucun argument sérieux n’est brandi sinon les classiques saillies conspirationnistes et les raccourcis ramassés sur internet sur le Franc CFA ;
– Arabie Saoudite :l’annonce de la rupture du contrat avec Acwa Power (avant un retour en arrière)sur fond de sous-entendus graveleux par un hurluberlu encravaté renseigne sur l’irresponsabilité qui sévit en leur sein ;
– Etats-Unis : les propos gênants tenus ce 19 juin sur…Facebook mettent en danger la relation avec ce pays ami dans lequel nous avons une Diaspora dynamique. Mieux, sans tenir compte du MCC, durant ces 10 dernières années, les États-Unis ont investi environ 315 milliards de francs CFA au Sénégal. « Une ambition dont on n’a pas le talent est un crime » clamait Chateaubriand.
– Maroc : le Pastef pose chaque jour des actes hostiles au Président Sall, entre accusations fallacieuses et menaces ridicules, sans jamais ne serait-ce qu’un moment considérer que ses excès pourraient froisser les autorités et le Peuple marocain, qui ont accueilli avec égard et respect notre ancien président de la République.
Le Sénégal, jadis puissance diplomatique, s’enfonce de jour en jour dans les abîmes du ridicule, avec en prime une propension à la grossièreté. Des saillies sur internet, ersatz de risibles harangues politiciennes, ne peuvent tenir lieu de doctrine diplomatique. Qui imagine les fonctionnaires du Département d’État tenir une réunion d’urgence parce qu’un individu, du 9ème étage du Building administratif à Dakar, a posté un message sur Facebook (propriété américaine) ? Gouverner exige du sérieux et de la hauteur…
Parce qu’ils avaient le souci de l’histoire et le sens de l’État, celles et ceux qui ont eu l’honneur de gouverner ce grand pays entre 1960 et 2024 ont travaillé avec rigueur, intelligence et finesse pour faire de la stabilité politique, de l’ancrage démocratique et du prestige diplomatique les ferments d’une politique économique ambitieuse.Avant le pétrole et le gaz, le premier avantage comparatif du Sénégal sur la scène internationale est sa diplomatie.
Celle-ci nous a offert au fil des décennies un capital politique et culturel fort et un levier de propulsion à la hauteur de toutes les instances où les choses du monde libre se discutent. Avec le Pastef, le prestige du Sénégal s’effiloche et son crédit s’amincit. Le pays vit un moment étrange, entre comédie de boulevard et requiem sinistre.
Ils échoueront car ils n’ont pas le minimum requis. Mais dans quel état ramasserons-nous demain le pays ?

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