Ferdinand Coly : « J’ai tout respecté, la justice m’a tout retiré » – La désillusion d’un Lion trahi … 12 ans de combat effacés d’un revers de robe
Douze années d’un combat judiciaire acharné, balayées en un souffle. Ce jeudi, la Cour suprême du Sénégal a mis un point (provisoire ?) à l’interminable feuilleton opposant Ferdinand Coly à Saliou Samb, actuel président du Conseil départemental de Mbour. Une décision radicale qui annule tous les jugements rendus précédemment en faveur de l’ancien international sénégalais. Pour celui qui fut un pilier des Lions de 2002, le verdict sonne comme une trahison de l’État de droit. Une gifle institutionnelle qui, selon ses mots, remet en cause les fondations même de sa citoyenneté.
Dans un entretien à cœur ouvert accordé au quotidien L’Observateur, Ferdinand Coly se livre sans filtre, entre amertume, colère froide et consternation face à ce qu’il qualifie de « justice sélective ».
« J’ai tout respecté, la justice m’a tout retiré », lâche-t-il, les yeux rivés vers treize années de procédures qui, au final, n’auraient mené à rien.
La justice sénégalaise, une illusion perdue ?
Ce qui choque l’ancien Lion, ce n’est pas seulement le fond de l’affaire – une escroquerie présumée dans une association d’investissement – mais le basculement brutal d’un processus judiciaire qu’il croyait stable et structuré. Selon lui, la culpabilité de Saliou Samb avait été établie à deux reprises. Mais voilà : la Cour suprême a choisi d’annuler les décisions pour vice de forme. Un vice qui, selon Coly, balaye dix années d’efforts, d’enquêtes et de jugements.
« Ce qui s’est passé est une injustice flagrante. Le problème du Sénégal, c’est sa justice. Moi, aujourd’hui, je ne crois plus. JAMAIS. »
Avec une froide lucidité, il décrit une justice devenue, à ses yeux, le théâtre d’une dérive où l’escroquerie prospère, la loyauté se paie en trahison, et les citoyens sont sacrifiés au nom de règles procédurales opaques.
Derrière le footballeur, l’investisseur trahi
Ferdinand Coly ne parle pas que pour lui. Il parle pour tous ces anciens internationaux qui, portés par un rêve de retour au pays, finissent par tomber dans le piège des fausses promesses et des partenaires malveillants.
« On nous fait la morale, on nous pousse à investir, à montrer l’exemple. Mais quand on agit avec intégrité, voilà le résultat. Voilà comment on remercie ceux qui rentrent pour bâtir. »
Il révèle avoir remboursé une dette de 700 millions FCFA, vendu un immeuble mis en garantie, et essuyé 14 heures d’audience non-stop à la barre pour défendre son honneur. Des efforts titanesques, une loyauté sans faille. Et pourtant, rien n’y a fait.
Un signal d’alerte pour la diaspora et les sportifs
L’ancien Lion ne mâche pas ses mots : ce qu’il vit, c’est le miroir d’un système défaillant.
« Je ne me reconnais plus dans cette société. C’est désespérant. On donne le mauvais message aux investisseurs, à la diaspora. Le premier bailleur de fonds du Sénégal, ce n’est pas la Banque mondiale, c’est la diaspora ! »
Il pointe également du doigt l’absence de protection pour les sportifs de haut niveau devenus entrepreneurs : « On est des proies faciles. Et ceux qui nous arnaquent, eux, dorment tranquilles, parfois même avec des postes de responsabilité… »
Et maintenant ?
Ferdinand Coly n’exclut pas de tourner le dos au Sénégal. S’il se dit encore en phase de réflexion, il admet que sa vision du pays a changé. Radicalement.
« Je suis un grand garçon. Je n’attends plus rien. Mais que ce combat serve de leçon. Je veux qu’il réveille les consciences. »
Ses avocats – Me El Hadji Diouf, Me François Mbengue et Me Pape Sène – prévoient un rabat d’arrêt, ultime recours judiciaire. Mais l’ancien Lion, désormais désabusé, n’y croit plus vraiment.
« Je suis cartésien. Je crois ce que je vois. Ce que je ne vois pas, je ne le crois pas. »
dakaractu