DU MÉRITE À LA MÉDIOCRITÉ : CHRONIQUE D’UN NAUFRAGE ANNONCÉ

Le Sénégal, patrie des grandes figures intellectuelles, des bâtisseurs de l’État postcolonial, voit aujourd’hui son administration sombrer dans une dérive inquiétante : celle de la MEDIOCRATIE. Sous la bannière du changement promis par le régime de PASTEF, censé incarner une rupture salutaire avec les travers du passé, se profile un nouveau mal tout aussi pernicieux : la préférence assumée pour des profils approximatifs, souvent sans expérience ni légitimité intellectuelle, pour diriger les leviers clés de l’appareil d’État.
Le discours anti-élite, d’abord perçu comme une volonté de briser les castes administratives stériles, s’est progressivement mué en une chasse aux compétences. Les fauteuils ministériels, les directions générales, les conseils d’administration (PCA) se retrouvent aujourd’hui souvent entre les mains de figures davantage connues pour leur loyauté politique ou leur activisme en ligne que pour leur expertise ou leur rigueur technocratique.
LA COMPETENCE SACRIFIÉE SUR L’AUTEL DE LA FIDÉLITÉ PARTISANE
Dans une démocratie mature, la rupture ne signifie pas le reniement des savoirs. Or, dans cette “République des copains”, l’activisme militant semble valoir brevet de compétence. Le diplôme, l’expérience professionnelle, la maîtrise des dossiers sont relégués au second plan. On gouverne par slogans, on administre par approximations.
Les conséquences sont déjà palpables : pilotage erratique des ministères stratégiques, cafouillages dans la gestion des institutions, dérapages communicationnels dignes d’une république de l’improvisation. Dans ce contexte, les élites, celles qui ont fait leurs preuves, ici comme ailleurs, sont mises sur la touche. Suspectées de collusion avec l’ancien système, elles sont devenues les parias d’une gouvernance qui préfère le confort de l’allégeance à la rigueur du mérite.
UNE RUPTURE DANGEREUSE AVEC L’HÉRITAGE RÉPUBLICAIN
Le Sénégal n’est pas un champ d’expérimentation idéologique. C’est une République qui s’est construite sur l’excellence, la civilité et la compétence. De MAMADOU DIA à CHEIKH ANTA DIOP, en passant par les grandes figures de l’administration comme HABIB THIAM ou AMADOU MAKHTAR MBOW, notre tradition d’État repose sur des épaules solides. Détruire cette colonne vertébrale pour ériger un pouvoir fondé sur la médiocrité, c’est hypothéquer notre avenir collectif.
UNE GOUVERNANCE DOIT S’ENTOURER DU MEILLEUR, PAS DU PLUS DOCILE.
Refuser l’expertise, marginaliser les élites au nom d’un populisme mal digéré, c’est confondre démocratie et nivellement par le bas. La vraie rupture n’est pas de remplacer une caste par une autre, mais d’installer un nouvel ordre basé sur le mérite, l’intégrité et la compétence.
À vouloir confier les commandes du navire à ceux qui n’ont ni carte ni boussole, le régime actuel court le risque d’échouer sur les récifs du ridicule. Or, dans un pays aux multiples défis, entre crises économiques, tension sociale et aspirations de jeunesse, le luxe de l’amateurisme n’est plus permis.
LE SENEGAL MERITE MIEUX.
Mamadou CISSE
Journaliste-Spécialiste des idées populistes

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